Cinéma

  • Valence : LUX nous emmène dans l’Inde d’avant-guerre

        Le grand évènement cinématographique de ce mois d’avril à Valence c’est la ressortie, en copie restaurée, de la trilogie d’Apu de Satyajit Ray à LUX. Une occasion unique de (re)découvrir, dans d’excellentes conditions, trois grands classiques du cinéma indien.

         On sait que l’Inde, et tout particulièrement le Bengal, possède une industrie cinématographique extrêmement développée : ce n’est pas pour rien qu’on parle de Bollywood , avec un B comme Bombay, pour designer le lieu où sont produits des milliers de films diffusés dans toutes les régions de l’Inde mais aussi dans l’Asie du Sud Est , en Afrique et dans le monde arabe . Et ceci depuis les années 1920…. Toutefois la trilogie d’Apu  est née en dehors des grands studios bengalis, avec des moyens très modestes et est en opposition complète avec le style des productions bollywoodiennes  classiques : pas de mélodrames musicaux, avec intermèdes dansés obligatoires, et déluge de larmes et de bons sentiments ici : les films de la trilogie racontent de façon réaliste le vie d’un jeune indien d’une famille très pauvre , de sa naissance autour de 1910 à sa vie d’adulte dans les années 30. A sa sortie, entre 1955 et 1959,  cette chronique a bouleversé les spectateurs indiens et fait connaitre au monde entier la réalité quotidienne de la vie d’une large part de la population dans  l’Inde coloniale : c’est ainsi que le premier volume , « La Complainte du Sentier », reçut, en 1956 le « Prix du Document humain » au festival de Cannes !

         En noir et blanc, dans un style sans fioriture qui rappelle le néo-réalisme, « La Complainte du sentier » décrit l’enfance d’un jeune garçon, Apu, dans un village bengali. Dans le film suivant « L’Invaincu » Apu et sa famille sont installés à Benarès, au bord du Gange puis le héros part à  à Calcutta où il fait ses études . Le film obtint le Lion d’Or à Venise.  » Le Monde d’Apu » , dernier épisode de la trilogie, raconte le mariage d’Apu et son entrée dans la vie active. Tous les films de la trilogie bénéficient d’une musique originale de Ravi Shankar, qui contribue grandement à l’athmosphère poétique de la serie.

         Lux propose ,à partir du 4 avril de progresser dans la découverte du chef d’oeuvre de Satyajit Ray à raison d’un film par semaine ( « La Complainte du sentier du 4 au 9, « L’Invaincu » du 10 au 16, « Le Monde D’Apu » du 17 au 23 ) Pour se mettre dans l’ambiance il est vivement recommandé de participer à la séance inaugurale du jeudi 4 avril : la projection sera suivie d’un buffet indien ! ( sur réservation reservation@lux-valence.com )

          Ne manquez pas ces classiques du cinéma indien, souvent considérés comme faisant partie des chefs d’oeuvre du cinéma mondial !

    http://lux-valence.com

    Jean-François Martinon

  • CINEMA : pluie de festivals en region lyonnaise !

        Le début du printemps est propice à la multiplication des festivals de cinéma en région lyonnaise ! Au point qu’on se demande si les cinéphiles , une fois de plus, sauront où donner de la tête ! Faisons le compte : après les HALLUCINATIONS COLLECTIVES, du 26 mars au 1° avril, au Comoedia, il faut noter QUAI DU DEPART, du 4 au 7 avril, au Briscope de Brignais, mais aussi la CARAVANE DES CINEMAS D’AFRIQUE, du 5 au 14 avril, à St Foy et dans 30 salles partenaires dans tout la région . Au même moment ( hélas ! ) se dérouleront le FESTIVAL DU CINEMA EUROPEEN de MEYZIEU, 5 au 14 avril, et le FESTIVAL CINEMAS DU SUD, DU 10 AU 13 AVRIL ! Enfin ce  sera le tour des INTERGALACTIQUES DE LYON, du 13 au 23 avril ! Certes il est malséant de se plaindre que la mariée soit trop belle mais on ne peux s’empêcher de penser qu’un peu plus de coordination entre les organisateurs aurait été bénéfique à tous et d’abord aux amateurs du 7° Art, bien en peine de se trouver partout à la fois !

         Consacré à  » l’autre cinéma », le festival « Hallucinations collectives » propose des avant-premières et des inédits mais aussi des films de patrimoine . Le point commun des oeuvres programmées c’est  » qu’elles sortent des chemins balisés de la production mainstream  » . Beaucoup de découvertes à faire en ce week-end de Pâques  http://www.hallucinations-collectives.com

          » Quai du Départ » fait la promotion des films et des livres faisant voyager. Au programme un concert ,le 4/4, une grand soirée  » Racontes-moi la mer », le 5/4, des rencontres, des conférences et des films pour tous, petits et grands . !http://www.quaidudepart.fr

         « La caravane des cinémas d’Afrique » est de retour, pour la 17° fois. Ce festival fait le point , une année sur deux, sur la production cinématographique du continent africain,  mais il ne se contente pas de cela ! En plus des films, souvent présentés par leurs réalisateurs ou de spécialistes, la « Caravane » nous propose des expos, un marché équitable africain, des contes et comptines « Spécial Afrique », un  » Bivouac littéraire » pour découvrir romans et romanciers africains et qui propose aussi aussi des DVD . On peut encore danser et manger africain pendant le festival ou bien apprendre à réaliser une statuette en bronze avec un sculpteur-bronzier burkinabé. Il y aura même une messe africaine, le 7 avril. Bref Ste Foy-les-Lyon va vivre, une fois encore, du 5 au 14 avril, à l’heure africaine ! Mais la fête n’est pas réservée aux fidésiens : la quarantaine de films , venus de 20 pays africains seront présentés dans les quelques 30 salles partenaires du festival, de la Duchère à Vaugneray, de Villefontaine à Feurs en passant par Venissieux ou Roanne . Une manifestation de belle ampleur, qui embrasse toute la région. A ne pas manquer !  http://www.caravanedescinemasdafrique.com

          Le Festival du cinéma européen de Meyzieu est, avant tout, un moment de partage durant lequel les spectateurs échangent avec les équipes des films qu’ils viennent de découvrir . Tous les films en compétition sont des avant-premières , en VOST. Il y aura des séances jeunesse et un panorama de films à voir ou à revoir. Une place importante est prévue pour les courts-métrages ce dont il faut se féliciter car rares sont les occasion de voir sur grand écran  ces films courts souvent si originaux . Enfin des animations sur le numérique seront proposées aux jeunes…..et aux autres !  http://www.cinema-europeen.fr

         « Cinemas du Sud » est organisé par la galerie « Regard Sud » et par l’Institut Lumière; Comme le dit son directeur artistique, Abdellah Zerguine,  » Il donne un coup de projecteur sur le cinéma du Magreb et du Proche Orient  » Et ceci pour la 24° fois! La réalisatrice libanaise Nadine Labaki a accepté d’être la marraine du festival  qui programme des films d’Egypte, du Maroc, du Yemen, de Syrie, du Kurdistan, d’Algérie, de Tunisie, et de Palestine. Une belle occasion de découvrir des films rares, trop peu souvent projetés sur nos écrans  Du 10 au 13 avril à l’institut Lumière et le 14 au Zola , à Villeurbanne. http://www.regardsud.com/cinema

         Comme son nom l’indique le festival  » Les Intergalactiques » se consacre d’abord à la science-fiction . Mais pas seulement : la Science, les Sciences Humaines et la Culture populaire font partie de ses préoccupations . Pour cette 12° édition, du 18 au 23 avril, le thème retenu est :  » Du Pain et des Jeux  » . Sont proposés des projections, bien sûr, mais aussi un salon du livre, des tables rondes, des expos, une  » brocante geek », des ateliers, des jeux de rôle, de la réalité virtuelle et de la lecture musicale . Et ça se passe à la MJC Monplaisir, à la fac de Lyon 3 ( manufacture des tabacs ), à L’Aquarium ciné-café, dans les cinémas Lumière et au Zola . https://intergalactiques.net

        Et, en plus, le festival « QUAI DU POLAR », du 5 au 7 avril, propose, entre autres, des films, courts et long , très interessants !

        Amis du 7°Art, à vos écrans !

    Jean-François Martinon

         Et j’allais oublier le magnifique festival « PALESTINE EN VUE« , qui propose dans toute la région Aura, vingt films, documentaires ou fictions, de réalisateurs palestiniens ou traitant de la Palestine. Cette 9° édition est largement centrée sur Gaza, actualité oblige. A l’occasion de la sortie du film de sa fille « Bye bye Tibériade » le festival rend aussi hommage à la grande actrice palestinienne Hiam Abbas . Des films rares, peu diffusés sur nos écrans, des rencontres avec leurs réalisateurs ou des spécialistes : il ne faut pas manquer « Palestine En Vue » !  http://erapinfo.free.fr/spip.php?article1086

  • RAPPEL : « Ça commence aujourd’hui ! » pour les « Reflets » !

        Je vous en ai déjà parlé ici, le 28 février, c’est donc juste une piqure de rappel ! Les « 40° Reflets du cinéma ibérique & latino américain » commencent aujourd’hui, 13 mars ! Qu’on se le dise !

       En guise de pense-bête voila le lien vers le site des Reflets, avec la programme complet ! ne manquez pas la bande originale du festival !

    https://www.lezola.com/les-reflets/

    JF Martinon

  • Cinema : « MADAME DE SEVIGNE » d’Isabelle Brocard, une éclatante réussite !

    Ana Girardot et Isabelle Brocard lors de la présentation du film à Lyon ( photo JFM )

        Marie de Rabutin-Chantal, plus connue sous son titre  de Marquise de Sévigné,  est célèbre comme épistolière c’est à dire que son oeuvre est constituée des lettres qu’elle écrivit, tout au long de sa vie, et qui furent publiées après sa mort . 80 pour cent de cette importante correspondance est constituée par les lettres que la marquise écrivit à sa fille Françoise de Grignan. Fait assez rare à l’époque la mère et la fille étaient liées par une grande affection, qui transparait au travers des quelques  560 misives de la mère à sa fille que nous possédons, les réponses de Françoise de Grignan n’ayant , malheureusement, pas été conservées. C’est à partir de ce corpus qu’Isabelle Brocard, avec l’aide d’ Yves Thomas, a construit le  scénario de son film et les relations mère/fille sont le sujet même du film.. Les lettres de la marquise sont non seulement très souvent lues en voix off, mais elles imprègnent les dialogues, la réalisatrice supposant à juste titre que, dans le milieu lettré qui est celui de Madame de Sevigné, on s’exprimait dans une language soutenu, proche de la langue écrite.

        L’affection de Marie de Rabutin-Chantal pour sa fille était très vive, on l’a dit, elle était même passionnée et, parfois, quelque peu abusive, la marquise ayant  tendance à dicter sa conduite à Françoise . Mais celle-ci ne se laisse pas mener : elle résiste parfois aux injonctions maternelles en particulier quand celle-ci se mêle de sa vie conjugale . Madame de Sevigné est veuve et contente de l’être, cela lui donne une grande indépendance d’autant qu’elle jouit d’une importante fortune familiale . Elle vit à Paris, fréquente dans les salons un monde d’intellectuels brillants et peine à comprendre que sa fille se plaise à vivre dans une lointaine province ( même s’il s’agit du beau château de Grignan ! ) . Et surtout elle ne conçoit pas que Françoise partage la vie de son époux alors qu’il serait tout à fait convenable, dit-elle, qu’elle revienne à Paris en laissant son mari assurer seul les devoirs de sa charge de lieutenant-général de Provence. Mais Madame de Grignan ne se laisse pas faire et , tout en préservant l’affection de sa mère, mène sa vie à sa guise.

        Tout entier construit autour des relations des deux femmes, le film est complètement tributaire de l’excellence du jeux  de leurs interprètes . ET la réussite est éclatante : Karine Viard est une Sevigné vibrante, passionnée, au bord de l’hystérie parfois et Ana Girardot, gracieuse et souriante, lui rend la réplique en douceur mais sans faiblesse . Aussi à l’aise dans la langue du grand siècle que dans les costumes chatoyants de l’époque, les deux comédiennes sont parfaites de naturel et d’élégance . Du grand art ! La réalisation, précise et soignée, leur rend admirablement justice de même qu’elle met en évidence les beautés de la Drome et l’éclat de la vie des privilégiés au siècle de Louis XIV.

        Le film est soutenu par la région Auvergne Rhône Alpes et co-produit par Auvergne Rhône Alpes Cinéma . Pour souligner le rôle important de ces organismes en faveur d’un cinéma de qualité il suffit d’énumérer les trois dernières productions qu’ils ont soutenu ( et dont j’ai parlé ici ) : « Vincent doit Mourir »de Stephan Castang , « La Tête Froide » de Stephane Marchetti et  » Madame de Sevigné », trois films très différents les uns des autres mais tous originaux et exigeants réalisés par des auteurs peu connus, mais appelés, on l’espère, à une belle carrière ;

    Jean-François Martinon 

  • Avec « MAKING OF » Cédric Kahn fait son cinéma !

    Cédric Kahn présente son film à Lyon (photo JFM )

        Les films sur le tournage d’un film sont nombreux…. et Cédric Kahn est bien trop cinéphile pour l’ignorer. S’il a néanmoins décider d’ajouter son film à une liste déjà longue ( Du  » Cameraman » de Buster Keaton à « La Nuit Américaine » de Truffaut en passant par « Ça tourne à Manhattan »de Tom DiCillo, film auquel Kahn se réfère explicitement, pour ne citer que quelques titres ) c’est peut-être parce qu’il voulait élargir un peu son point de vue . Célébrer le travail d’équipe nécessaire à la fabrication d’un film, rendre visible le rôle indispensable des techniciens sans qui rien ne serait possible , écrire avec humour les petites histoires des acteurs et les rapports – très passionnés – qu’ils établissent entre eux, s’amuser de la similitude entre ce que vivent les acteurs et le rôle qu’ils tiennent dans le film , Cédric Kahn le fait avec finesse, comme les autres avant lui . Mais, plus que ses devancier sans doute, le réalisateur se souvient que, selon le mot de Malraux,  » par ailleurs le cinéma est une industrie ». Et qui dit industrie dit capital et aussi lutte de classe : « Making Of » n’élude pas ces aspects. 

        Faire un film c’est d’abord trouver un financement. Les producteurs qui apportent l’argent sont souvent  plus sensibles aux perspectives de retour sur investissement qu’aux ambitions artistiques du metteur en scène ! D’autre part l’équipe d’un film est un monde très hiérarchisé avec d’énormes inégalités et des hiérarchies brutales. De cela le film parle franchement sans se départir néanmoins d’une pointe d’humour. On découvre ainsi le rôle très important de la directrice de production ( très bien interprétée par Emmanuelle Bercot ) intermédiaire indispensable entre le réalisateur ( Denis Podalydès excellent comme d’habitude ) et l’équipe. Et on perçoit les trésors d’énergie, de persuasion, de ruse même qu’il faut mettre en oeuvre pour mener à bien un projet sans trop le dénaturer . Bien loin du bel optimisme de Truffaut qui disait, dans « La Nuit Américaine  »  :   » les films avancent comme des trains dans la nuit « …

         Si Cédric Kahn insiste sur les difficultés quotidiennes d’un tournage( et encore il n’évoque pas du harcèlement, moral ou sexuel , dont l’actualité ne cesse de nous parler !) sa vision n’est pas désespérée ! Le film finit par être tourné, le metteur en scène, malgré son épuisement , va sans aucun doute se remettre à l’ouvrage , et, surtout, le petit débutant chargé du making of  ( Stefan Crépon ), qui a enregistré toutes les déconvenues du réalisateur , resort de l’entreprise plus déterminé que jamais à se lancer dans une carrière cinématographique dont il n’ignore pourtant plus les aléas et les difficultés . Comme ses prédécesseur « Making Of » chante la passion de « faire du cinéma », la fierté de participer à la création d’une oeuvre collective unique !

    Jean-François Martinon

Retour en haut