Geraldine Nakache et Rudy Milstein présentent le film à Lyon ( photo JFM )
Le premier film de Rudy Milstein, « Je ne suis pas un héros », raconte l’histoire de Vincent, un jeune homme bien sous tous les rapports, poli, courtois, empressé bref, comme le lui dit sa patronne, « un gentil garçon » …. mais elle ajoute aussitôt » ce n’est pas un compliment ! » . Car Vincent travaille dans un cabinet d’avocats d’affaire, au service de multinationales aux dessins inavouables et, dans ce monde impitoyable être « gentil » est un défaut impardonnable : les « gentils » y sont méprisés, piétinés et même carrément rendus invisibles. Tout change quand Vincent se croit atteint d’un cancer et l’avoue au bureau : il devient alors l’objet de toutes les attentions, est considéré, choyé, promu, à tel point que quand il apprend que, finalement, il n’est pas malade , il n’ose pas l’avouer.. C’est à partir de ce quiproquo que va se developper l’action du film, qui voit notre héros confronté à d’authentiques malades du cancer, jusqu’au dénouement, pas vraiment inatendu, où il doit avouer la vérité.
Le film vaut surtout par son interprétation. Rudy Milstein a réuni une équipe de comédiens formidables , qui donnent l’impression de prendre un grand plaisir à être ensemble . De fait Geraldine Nakache nous a dit que le tournage s’était déroulé dans un ambiance très conviviale. Autour de Vincent Dedienne, parfait en Vincent maladroit et mal à l’aise, anxieux de bien faire et presque toujours « à coté de la plaque », on applaudira Clémence Poésy, impressionnante en patronne autoritaire et manipulatrice sous un faux air de bienveillance souriante ( Elsa) et Geraldine Nakache qui incarne avec force Hélène, leader forte en gueule d’une association de cancéreux. À côté de ces premiers rôles les autres acteurs sont aussi à citer: Isabelle Nanty et Sam Karman sont inénarrables en parents désunis de Vincent, Rabat Nait Oufella très naturel et émouvant dans le rôle de Julien ou Sebastien Castro qui campe un avocat pathétiquement incapable. Le réalisateur s’est attribué un personnage étonnant, Bruno, totalement dépourvu d’intelligence sociale, qui assène à chacun ses vérités , sans aucun ménagement . Effet choc garanti.
Avec cette comédie Milstein veut » non pas se moquer des malades mais du regard qu’on porte sur eux « . Il veut nous faire rire mais pas seulement . À la façon des comédies italiennes des années 70, qu »il adore, il souhaiterait que son film nous amène à trouver « le courage de se battre contre la lâcheté de ceux qui laissent passer les petites injustices ». Bref il fait sien le célèbre adage « Castigat ridendo mores », corriger les moeurs en riant !
Jean-François Martinon