« L’ENFANT DU PARADIS » : un premier film attachant .

Nora Arnezeder, Salim Kechiouche et Karimouche, lors de la présentation du film à Vaulx en Vélin (photo JFM )

   Depuis l’âge de quinze ans, Salim Kechiouche « fait l’acteur » et pour les plus grands ! Il a tourné avec Gaeê Morel mais aussi sous la direction de François Ozon , Abdellatif Kechiche, Alexandre Arcady pour ne citer que les plus connus de ses metteurs en scène. Et aussi pour le théâtre et la T.V. Bref, à 44 ans, il a derrière lui une belle carrière d’interprète . Il n’est  pas surprenant que l’envie lui soit venu de passer derrière la caméra.

   Né à Lyon dans une famille algérienne et ayant grandit à Vaulx en Velin, il lui était naturel de proposer un personnage d’acteur d’origine immigrée et ceci d’autant plus que, nous a-t-il dit, « si le cinéma offre souvent des rôles d’acteurs, ils sont rarement de milieu modeste ». Comme Kechiouche joue le rôle principal de son film et que celui-ci intégre, de façon tout à fait intéressante, des extrait de films de famille évoquant son enfance heureuse, il serait tentant de voir dans « L’Enfant du Paradis » une oeuvre autobiographique.  Mais les ressemblances entre Yazid, le personnage principal du film et le réalisateur s’arrêtent  là. En effet la carrière de Yazid est beaucoup moins brillante que celle de Kechiouche et son vécu beaucoup plus sombre même si, au début du film, il semble entrevoir des perspectives positives….Et le film est un drame….

   L’interprétation est excellente . Salim Kechiouche, à l’aise et naturel dans toutes les situations, est entouré d’une équipe soudée , constituée en parti par des proches, nous a-t-il confié. On retiendra Nora Arnezeder, touchante en compagne du héros , comédienne comme lui ce qui induit entre eux une grande complicité particulièrement visible dans une belle scène où il lui fait répéter son rôle à le veille d’un tournage. La chanteuse Karimouche incarne avec brio la soeur de Yazid, qui se confronte violemment avec lui dans une scène très forte.

   Bref ( une heure douze ) le film est mené tambour battant , sans temps mort, tenant le spectateur en haleine. La musique,  très présente, contribue à maintenir le rythme. Le programme est completé par la projection du très interessant court-métrage de Kéchiouche « Nos Gènes » dans lequel il aborde aussi la question de l’identité des français issus de l’immigration.

  Reste la question du titre du film : le « paradis » dont il est question est, peut-être, le dernier balcon du théâtre, où s’entasse le public populaire, symbolisant le milieu d’origine du héros . Clin d’oeil aussi au film de Marcel Carné.

   Au total, « L’Enfant du Paradis » est un film attachant, à ne pas manquer.

Jean-François Martinon

Retour en haut