Caroline Vignal et Vincent Elbaz à la présentation du film à Lyon ( Photo JFM )
« Iris et les hommes » sera sur nos écrans le 3 janvier. Cette nouvelle production de la réalisatrice d’ « Antoinette dans les Cevennes » mobilise à nouveau Laure Calamy, mais Iris n’est pas Antoinette . C’est ici une jeune femme dentiste, mère de deux filles , bien installée dans la vie et épouse d’un mari très séduisant (vous pensez, c’est Vincent Elbaz !), télétravailleur acharné mais disponible pour s’occuper des enfants; Tout pour plaire , donc. Sauf….que, comme nous l’a dit Elbaz, question sexe , son personnage » s’est un peu absenté ». Iris dit les choses plus crûment » je n’ai pas fait l’amour depuis quatre ans » ! Et, littéralement, ça la rend malade, coincée, tendue, stressée, comme le lui fait remarquer l’ostéopathe qu’elle consulte au début du film. Son mari, au contraire, est cool et détendu .Pour sortir de cette impasse, une vague connaissance lui conseille de s’inscrire sur un site de rencontre . Et l’aventure, ou plutôt les aventures, commence(nt)…..
Pour écrire cette histoire Caroline Vignal s’est, elle aussi, inscrite sur internet et son scénario s’inspire, nous a-t-elle dit, des rencontres qu’elle y a faites. Nouri de ses expériences le film est vif, varié et progresse à un rythme alègre, sans lasser. La réalisation est enlevée, un peu à la façon des films de la nouvelle vague : les cinéphiles pourront relever des clins d’oeil à telle ou telle oeuvre de Truffaut, Godard ou Demy sans que cela alourdisse le propos. Les décors soignés, la photo impeccable, la musique bienvenue contribuent à la réussite d’ensemble ; L’interprétation également, même si on peut trouver que Laure Calamy est moins convaincante en femme coincée que quand elle s’épanouit progressivement. Sa renaissance éclate dans une magnifique scène de comédie musicale ( » il pleut des hommes »), superbement enlevée qui nous fait rêver que Caroline Vignal réalise, un jour, un tel film ! Hélas, nous a-t-elle dit, il n’en sera rien : « Moi aussi j’ai rêvé de tourner une comédie musicale mais le travail pour cette seule scène a été si difficile, si compliqué que je me suis rendu compte que je ne pourrais jamais tenir la distance « ! Dommage ! Dans le reste du casting, outre Vincent Elbaz, parfait, il ne faut surtout pas oublier Suzanne de Baecque, impayable en secrétaire médicale dépassée par la transformation de sa patronne .
Pour Iris l’histoire finit bien . Est-ce un modèle que Caroline Vignal propose aux femmes ? Surtout pas : » je ne veux pas donner un discours général ; Je ne suis pas une militante ». Le film est-il féministe ? S’il se termine sur les paroles de « La vie s’envole » : » Les hommes ils z’aiment les femmes à hommes/ les femmes elles z’aiment les hommes à femmes », superbement chantées par Jeanne Moreau, on n’oubliera pas que ces vers ne sont pas dus à l’immortelle vedette de « Jules et Jim » mais à Cyrius Bassiak alias Serge Resvani. Un homme donc .
Jean-François Martinon