Vernissage de l’expo au Réverbère, le 15 février ( photo JFM ).
Catherine Dérioz et Jacques Damez racontent qu’à l’été 1984 ils remarquèrent , dans une exposition collective en Avignon, une oeuvre d’un photographe qu’ils ne connaissent pas : Yves Rozet. Rencontrant l’artiste ils eurent la surprise de reconnaitre un visiteur régulier de leur galerie, qui jamais ne s’était présenté ! C’est dire que ce professeur à l’école des Beaux Arts de St Etienne n’était pas de ceux qui se mettent en avant, qui se poussent du col.
Au premier abord l’oeuvre d’Yves Rozier, telle qu’on peut la découvrir à travers l’exposition retrospective du Réverbère, apparait très diverse, juxtaposant des « moments » caractérisés par un processus de réalisation particulier . Chronologiquement on rencontrera des montages de clichés de tailles diverses pour approcher une identité éclatée ( » Identité(s) partition(s) 1984/86 ), de grandes compositions colorisées associant des morceaux de photos d’amateurs pour composer des portraits de famille idéalisés ( « Utopie(s)- une promesse de bonheur ( pour une mémoire ouvrière ) 1986/89 ), des montages de fragments d’images d’aujourd’hui sur fond de photos pornrgraphiques des années 20 ( « Il Mirabile » 1987/90 ), des recherches sur la matière et la couleur avec des photos laquées, des gravures et des aquarelles ( » D’étranges devenirs à nouveau » 1990/1993 ), des regroupement de photos noir et blanc apparement sans rapport entre elles mais dont la juxtaposition parle ( » 33+1,Chimères 1993/98 ° ), de grandes images paisibles en couleur associées à des fragments inattendus parfois abstraits ( « Figures Dédiées sur un fond sans fond » 2002/2007 ), un travail associant photos, video et livre, avec Annie Zadek ( » Souffrir mille mort » , « Fondre en larmes » 2004 ) , et enfin d’intrigants panneaux juxtaposant une image nette et une image floue (« Sarabandes 2013/2017 )
Des séries d’oeuvres très diverses donc mais , par delà les différentes approches on retrouve une même rigueur, une même exigence, une commune volonté de dépasser les apparences, de refuser la joliesse , le pittoresque et l’anecdote. Rigoureuses les démarches ne sont jamais mécaniques et les oeuvres sont toutes empreintes d’une étrange poésie qui les réunit dans leur diversité même et est , sans doute, la signature singulière de l’artiste
Une exposition à ne pas manquer , du 16 février au 30 mars, galerie « Le Réverbère » , 38 Rue Burdeau 69001 Lyon http://galerielereverbere.com
Jean-François Martinon
A l’occasion de l’exposition sortie du livre « Chambres avec Vue(s) », conçu par Yves Rozier et retrouvé dans ses cartons 132 pages , quadrichromie, tirage limité à 120 exemplaires, 30 euros .