Stephane Brizé présente son film à Lyon le 29 février ( photo JFM )
Le ciel est bas et gris. La mer est plate et grise. La plage est déserte et grise. L’hôtel est à moitié vide et blanc . C’est la morte saison dans cette station balnéaire spécialisée en thalassothérapie. Mathieu ( Guillaume Canet), un acteur connu et reconnu ( on lui demande sans cesse des selfies ) ne dépare pas dans ce décor qui, aurait dit le poète, « convient à la douleur et plait à (s)es regards ». Il est très nettement mélancolique, Mathieu, grave déprimé dirait-on aujourd’hui ! Il se débat dans des ennuis professionnels et des problèmes relationnels, à moins que ce ne soit que les symptômes d’une crise plus profonde, existentielle ! En tous cas il broie du noir et ne semble pas prêt de s’en sortir. C’est alors qu’une rencontre imprévue _ « mais une rencontre n’arrive jamais par hasard » nous a dit Stéphane Brizé – va l’amener à s’interroger sur sa vie….Tel est l’argument, tenu, de ce film dont Stephane Brisé a écrit le scénario avec Léa Drucker ( qui tient un rôle étrange dans le film , entièrement off ! ). Une histoire « derisoire et héroïque », dans le même ton que la musique, » pas triste mais mélancolique » que Vincent Delerme a composée dès l’origine du projet et qui a bercée l’écriture du scénario avant d’accompagner le film.
Le casting est parfait. Guillaume Canet, incarne tout naturellement une célébrité, un personnage pas très éloigné de lui ( quand il s’entretient avec ses fans on sent que ce n’est pas un rôle de composition ) et Alba Rohrwacher, pas très connue en France ( alors qu’elle est une star en Italie ) est parfaite pour jouer une personne ordinaire; Mais surtout ils expriment avec justesse les infimes nuances de leurs personnages, parvenant à recréer l’intime, à laisser transparaitre toute la palette de leurs émotions. Cela passe par des temps de silence assumés » la parole masque souvent quelque chose » dit Brizé, par des gestes esquissés, par des regards échangés. Magnifique travail d’acteur !
Mélancolique souvent le film n’est jamais pesant : Brizé a soin de ménager dans la première partie des pause comiques « Tatièsque » ( Ah! la machine à café de la chambre d’hôtel ! ). Le récit avance en douceur mais sans temps morts. Les images sont belles. Et la musique de Delerme s’accorde parfaitement au propos.
Bref » Hors Saison » est une belle réussite, un film grave et émouvant qui laisse une trace profonde . A voir absolument
jean-François Martinon