Wilfrid Méaance ( co-realisateur ), Julia Faure et Bernard Campan lors de la présentation du film à Lyon (photo JFM)
Disons-le, le pitch du film nous a un peu inquiété : un couple de cinquantenaires invite à diner ses voisins du dessus, trentenaires dont ils entendent très distinctement les ébats passionnés et bruyants ! Avouez qu’il y a de quoi craindre un étalage de gaudriole, une débauche de gauloiseries! Toute fois la présence au générique d’Isabelle Carré et de Bernard Campan , acteurs sérieux pas spécialement réputés pour s’illustrer dans des pantalonnades à de quoi rassurer. Mais surtout , dès les premières séquences, on oublie ses appréhensions : le film parle de sexe, évidement , mais il en parle sans voyeurisme, sans vulgarité. Et il raconte aussi une vraie histoire d’amour . Comme nous l’a dit Bernard Campan » le film reste élégant, c’est fin, c’est intelligent » .
A l’origine du projet il y a une pièce de théâtre dont l’auteur espagnol ,Cesc Gaya, a tiré un film. C’est à partir de ce film que les deux co-scenaristes, qui sont aussi co-realisateurs , Olivier Ducray et Wilfrid Meance, ont travaillé, avec Jean-Paul Bethany. Une véritable ré-écriture pour trouver une langue adaptée aux personnages, bien caractérisés par leur âge et leur milieu social, sans s’interdire de modifier les péripéties de l’oeuvre originelle pour plus de vivacité et d’intensité dramatique .
Les deux réalisateurs sont, nous a dit Wilfrid Meance, tout à fait complémentaires : Olivier (Ducray) « un scénariste qui réalise » étant plus spécialement chargé des dialogues et de la direction d’acteurs et lui, » réalisateur venu au scénario », se chargeant plutôt des aspects techniques. Mais il n’y avait rien là de systématique et l’oeuvre avait une dimension collective à la quelle chacun était associé, à commencer par les acteurs avec qui beaucoup de travail a été réalisé » en amont », avant le début du tournage. Manifestement les quatre acteurs ont eu beaucoup de plaisir à » jouer la comédie », genre qui n’était pas habituel pour la plupart d’entre eux . L’action est bien menée, sans temps morts. Les dialogues sont percutants et font mouche ( on sens ici la patte de J-P Bethany , scénariste » à la Audiard » selon W.Meance ). La musique d’Alexis Rault épaule discrètement le récit.
Bref « Et plus si affinités » est un spectacle réjouissant dont on aurait grand tort de se priver !
Jean-François Martinon