Scapin, Richard III, Cyrano, On l’attend toujours avec la même impatience. Parce qu’il a toujours l’art de surprendre. C’est l’essence même du théâtre. Cette fois, Philippe Torreton s’attaque à Jean Genet. Après avoir longtemps hésité. Il se méfiait des emballements des intellos qui s’encanaillent sans grand risque en s’extasiant sur le poète maudit. La langue même de l’écrivain lui résistait. Il a fallu une rencontre. Avec « Paillette », un maquilleur venu du cirque qui l’avait convaincu de lire « Le funambule ». Un long poème écrit pour son amant circassien.
« Son écriture est tour à tour lyrique et prosaïque, caressante et scarifiant. Elle blesse, elle heurte, elle oblige à se regarder soudainement surpris d’une blessure que l’on pensait secrète », écrit Philippe Torreton. « Jean Genet occupe avec ses mots cet espace infime, lorsque l’on se blesse, qui précède la douleur, cet effroi du corps à l’instant de la coupure ou de la chute, ce saisissement. Il est un point de basculement. En ce sens le funambule est peut-être le texte étalon pour comprendre
son œuvre. Un outil nécessaire.
« Mon désir le plus ardent est de faire entendre ce texte, finalement se comporter comme Genet. En l’écrivant, il n’avait aucun désir autre que de nous enflammer. »
Dans un décor de chapiteau abandonné, l’acteur laisse entendre la langue de Genet, écouter les notes de Boris Boublil tandis que Julien Posada joue les équilibristes sur son fil de fer. Il nous parle du risque, du rapport au public, à la mort, de l’art et du désir.
Après l’inoubliable « Tout mon amour », mis en scène par Arnaud Meunier, directeur de la MC2, Philippe Torreton est de retour à Grenoble dans la maison où il vient créer ce spectacle en tant qu’ artiste associé.
-Grenoble, MC2, du mardi 8 au jeudi 17. www.mc2grenoble.fr
-Lyon, théâtre des Célestins, du 6 au 10 mai 2025. www.theatredescelestins.com
PHOTO Scapin, Richard III, Cyrano…On toujours Philippe Torreton avec la même impatience. Cette fois, il s’attaque à Jean Genet. Photo Pascale Cholette