Guillaume Senez présente son film à Lyon (photo JFM )
On ne le sait pas toujours chez nous mais au Japon la loi ne connait pas la garde alternée des enfants de parents divorcés et le droit de visite n’existe pas : au nom de la stabilité nécessaire au bon développement de l’enfant le parent qui prend l’enfant au moment de la séparation le garde et son ex-conjoint n’a aucun droit … sauf celui de payer une pension alimentaire ! Et, si son ex en décide ainsi, il peut rester sans voir son enfant jusqu’à la majorité de celui-ci . Ces règles, datant d’une époque où les divorces étaient rares, ne sont pas adaptées à la réalité d’aujourd’hui : on estime qu’il y a, au Japon , 150 000 d’enfants privés d’un de leur parent, de leur père, en fait le plus souvent, dans 83 pour 100 des cas. Et si celui-ci essaye de voir malgré tout son enfant il risque d’être poursuivis pour tentative d’enlèvement ou pour harcèlement . Cette situation , déjà difficile pour deux parents japonais devient dramatique quand un des ex-conjoints est étranger et ceci d’autant plus que, comme le dit la petite héroïne du film , « il n’est pas facile d’être un enfant métis au Japon …. »
De cela Guillaume Senez ne savait rien jusqu’à la promotion de son précédant film au pays du Soleil Levant . Là, nous a-t-il confié » on est tombé sur cette histoire par hasard, en rencontrant un expat « . Touché Senez qui aime traiter » des sujet qui (lui) parle » s’est documenté, a rencontré de nombreux parents séparés de leur enfants au Japon puis a écrit ( avec Jean Denizot ) le scénario . Pour incarner Jay, le père français privé de sa fille, il a tout naturellement pensé à Romain Duris, déjà présent sur son film précédent , parce que » c’est un très bon comédien, il bosse » et qu’ il a « confiance en lui « .Pour Lily, sa fille , il a trouvé à Paris plusieurs candidates franco-japonaises , parmi lesquelles il a retenu Mes Cirne-Mazuki qui est tout à fait naturelle et spontanée. Et les voilà partis pour un tournage de trente cinq jours au Japon . Problème : Jay parle couramment le japonais, Romain Duris non ! Du coup l’acteur doit apprendre par coeur, en phonétique, ses répliques Mais Duris est attentif et, en quelque jours, il s’est suffisamment imprégné du contexte nippon pour pouvoir moduler, voir modifier à la marge, le dialogue : belle performance d’un grand acteur ! Dans le reste due la distribution on n’oubliera pas Judith Chemla, touchante dans le rôle d’une mère dont l’ex-conjoint japonais a enlevé l’enfant et l’a ramené dans son pays . On notera que, pour la première fois chez Sentez, il y a dans le film une musique originale d’Olivier Marguerite, très convaincante.
Sensible et nuancé, ni manichéen ni anti japonais , le film est émouvant sans être mièvre . Une réussite !
Jean-François Martinon