« LES FEMMES AU BALCON » un film inclassable très réussi !

Noemie Merlant et Sanda Cordeanu, deux des trois « Femmes au Balcon », présentent le film  de Noemie Merlant à Lyon  (photo JFM ) 

             Marseille. C’est l’été. Il fait chaud, très chaud, caniculaire. Dans un immeuble ancien du centre ville    ( pas rue d’Aubagne mais pas non plus au Prado, dans une rue populaire et étroite ) deux jeunes femmes, bientôt rejointes par une troisième, luttent contre la chaleur, court vêtues et détendues. L’ambiance est agréable empreinte de sororité bienveillante. Nicole (Sandra Caudreanu) , apprentie écrivaine au romantisme incurable, Ruby ( Souheila Yacoub), travailleuse du sexe sur internet,  et Elise ( Noemie Merlant ) actrice échappée du tournage d’un téléfilm sur Marilyn Monroe qui semble déprimant et d’un mariage qui parait l’être tout autant !, cherchent un semblant de fraicheur sur le balcon. C’est là qu’elles aperçoivent, dans l’immeuble d’en face, un bel inconnu qu’elle ont tôt fait de parer des couleurs de leurs rêves : prince charmant pour Nicole , compagnon de jeux érotiques pour Ruby, complice esthétique peut-être pour Elise. On rentre en contact et ….la suite prouvera l’inanité des rêves !

                 Noemie Merlant s’est complètement impliquée dans la création de ce film en forme de fable dans lequel elle a mis beaucoup d’elle même ! Quatre années  de travail  entre les idées de départ et la sortie du film , quatre ans pendant les quels, nous a-t-elle confié, elle a écrit -beaucoup- et raturé -tout autant-, avant de pouvoir, avec l’aide de son amie Celine Sciamma, « savoir quoi faire de toutes ces idées que j’avais dans la tête, les organiser, les choisir ». Pour aboutir à un scénario très écrit mais modifiable pour tenir compte des remarques de ses partenaires : ainsi la réalisatrice nous a dit que la (désopilante ) scène de Castorama avait  été ajoutée quinze jours avant le début du tournage , sur une suggestion de Souheila Yacoub. Noemie Merlant s’est aussi chargée de superviser le casting, sans que le choix des trois protagonistes principales pose problème :  » Nicole, une amie du cours Florent, était dans le projet depuis l’origine et Souheila s’est imposée dès le premier essai » . Quant au choix de jouer le rôle d’Elise il a semblé évident à Noemie Merlant car  » le rôle vient de moi »  nous a-t-elle dit avant d’ajouter qu’elle ne jouera pas dans son prochain film. Il y a eu  » une alchimie entre nous trois ; c’était d’une évidence absolue ». Noemie Merlant a aussi donné son avis sur les lieux de tournage dans Marseille, ville où elle a habité et dont elle souhaitait qu’elle soit  » un personnage à part entière du film ».  Et aussi sur le décor, la musique car « on peut raconter beaucoup de choses avec la musique ». En bref ces quatre années furent , c’est son amie Sandra Caudreanu qui l’a dit, « une période de création permanente » durant laquelle Noemie était   » un chef d’orchestre très présent  » : « Elle dormait sur le décor ! » 

                    Le film se caractérise par une grande liberté de construction , empruntant sans transition des voies cinématographiques différentes voir opposées : un petit peu de comédie psychologique, un zeste de thriller, une bonne pincée d’humour noir, un large emprunt au film  d’horreur : on passe, sans crier gare,  de la fantaisie la plus débridée, avec zombie passant à travers les murs, au réalisme le plus cru quand il s’agit d’évoquer, avec une indignation sincère, un viol conjugal sordide ! Car si Noemie Merlant utilise plusieurs tons c’est toujours pour délivrer un message féministe affirmé, qui nous invite, tous et toutes, en riant, à réfléchir à nos comportements, à critiquer nos manières d’être et nos modes  de penser ! « Castigat ridendo mores », corriger les moeurs en faisant rire ! Le viel adage latin est de mise pour saluer ce film jubilatoire et réussi !

Jean -François Martinon

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