« LA PAMPA », un film épatant à voir sans délai !

Sayyid El Alami et Antoine Chevrollier nous présentent « La Pampa »au Comoedia ( photo JFM )

               Qu’on ne s’y trompe pas ! il n’y a pas d’Argentine ni de gauchos dans ce film ! La pampa dont il est question ici est un terrain de moto-cross dans le Maine-et-Loire ! Et c’est autour de ce terrain, remarquablement bien filmé, à quelque jours de la finale du championnat, que nous suivons deux amis inséparables Jojo ( Amaury Foucher ) et Willy (Sayyid El Alami ). Pour tromper leur ennui, en attendant leur départ tant souhaité vers la grande ville, ils tuent le temps entre entrainement et paris stupides, trompant la mort pour se sentir exister . Chevrollier sait de quoi il parle :  il a passé son adolescence dans ce village et, nous a-t-il dit, si « le film n’est pas autobiographique, il est constitué de souvenirs ….il parle du territoire où j’ai grandi ». Un territoire qu’il aime et qu’il filme avec amour: on a rarement vu à l’écran les magnifiques paysages des bords de Loire que le réalisateur montre en majesté ! Même soucis d’exactitude dans la description de l’ambiance du village, dans la mise en évidence des différences sociales : c’est avec beaucoup de finesse qu’il nous fait sentir le fossé culturel  qui sépare Willy de la jolie Marina . C’est cette authenticité qui donne tout son prix à ce film original qui nous transporte dans un milieu dont le cinéma ne parle pas souvent.

              Si « La Pampa » est son premier long métrage, Antoine Chevrollier est loin d’être un débutant : il a beaucoup travaillé pour la télèvision , en particulier sur les series Baron Noir, Le bureau des légendes et Oussekine . C’est là qu’il a repéré une partie de l’équipe de « La Pampa » ( Sayyid El Alami, les frères Galperine à qui l’on doit la remarquable musique du film ) là aussi, sûrement, qu’il a acquis sa remarquable précision dans la direction d’acteurs : ils sont tous excellents qu’ils soient des débutants issus d’un casting , comme Amaury Foucher, très convaincant dans le rôle de Jojo, ou professionnels confirmé comme Damien Bonnard, dont on n’a pas oublié le rôle de flic dans « Les Misérables » et qui campe ici de façon impressionnante un père autoritaire et maladroit , incapable de comprendre son fils ou Artus, ici à contre-emploi, incarnant avec brio un personnage à cent lieux de ses rôles habituels. Une distribution homogène et brillante !

              Antoine Chevrollier met « La Pampa » en rapport avec d’autres films sortis récemment : « Vingt Dieux  » et « Le Royaume » : Louise Courvoisier, Julien Colonna et moi « on parle de NOS territoires » dit-il avant de conclure : »on nous a beaucoup volé nos histoires, laissez-nous enfin les raconter ! » . C’est ce que font, en effet et avec quel brio !, ces trois films majeurs, sans aucun doute les révélations cinématographiques de cet hiver !

Jean-François Martinon

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