Jacaranda, de Gaël Faye

Gaël Faye est né en 1982 à Bujumbura d’un père français et d’une mère rwandaise. Elle a d’abord été réfugiée au Burundi après les premières vagues de persécution menées contre les Tutsis à la suite de la révolution de 1959, avant d’immigrer en France. L’écrivain a les deux nationalités.
En 1993, suite à la guerre civile au Burundi et au génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, il fuit son pays natal pour la France, à l’âge de treize ans. Il découvre alors le rap et le hip-hop. Après deux ans en Angleterre pendant lesquelles il travaille dans la finance, il se consacre à la musique. En 2013 sort Pili Pili sur un croissant au beurre, son premier album solo pour lequel il reçoit le Prix Charles-Cros des lycéens . Il vit maintenant à Kigali.
En 2016, il publie Petit Pays qui aura un immense succès et remporte de nombreux prix
En 2024, il publie son deuxième roman, Jacaranda, édité chez Grasset et qui a reçu le Prix Renaudot. Il est venu le présenter à la librairie Garin et nous a enchanté avec une lecture musicale à la fois émouvante et endiablée.

Les jacarandas sont des arbres majestueux de la famille des Bignoniacées, originaires d’Amérique du sud . Ils prospèrent aussi en Afrique. Le plus connu est le jacaranda flamboyant bleu. C’est ce qui donne la couleur bleue de la couverture du livre de Gaël Faye. C’est aussi l’arbre refuge de la petite Stella de douze ans. Postée dans les branches de l’arbre, elle observe la douleurs de ses aînés.
Ce livre est en grande partie autobiographique. Milan, un jeune Franco-Rwandais vit à Versailles. Sa maman rwandaise, arrivée en France vingt ans plus tôt, ne veut pas parler du passé. Mais son fils voit à la télévision des images atroces du génocide de 1994. Sa famille, suite aux massacres, recueille un enfant tutsi rescapé Il va le retrouver quelques années plus tard à Kigali lors d’un voyage.
Dans un pays dévasté par le génocide, Milan tache de comprendre les répercussions de ce drame et les réactions de sa mère. Il cherche à comprendre le poison de la division et de l’ethnicisme habilement distillé , la vengeance qui habite toujours le cœur de ceux qui ont perdu leurs proches. le silence qui pèse encore sur les victimes. Comment se reconstruire dans ce pays qui est devenu une société de défiance. Par les commémorations indispensables à la mémoire ? Par les gacaca, juridictions populaires dans l’esprit de tribunaux communautaires ?
Jacaranda est un très beau livre sensible ,lisez-le, vous ne serez pas déçu. Gaël Faye est un grand artiste.

Claude GUEST

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