
Sylvain Desclous au Comoedia pour la présentation de son film , le 27 février ( photo JFM )
Pour présenter « Le Système Victoria » à la presse et au public lyonnais le Comoedia avait invité non seulement le réalisateur du film, Sylvain Desclous mais aussi Eric Reinhardt l’auteur du roman éponyme dont le film est tiré Aussi l’entrevue qu’ils nous ont accordée a-t-elle largement tourné autour de la passionnante question de l’adaptation d’une oeuvre littéraire à l’écran . Dans le cas qui nous occupe ce passage ne s’est pas fait rapidement, le roman est paru en 2011 , ni simplement : il a fallu abandonner une première mouture du scénario pour arriver à la version finale.
Le premier scénario, réalisé par Reinhardt lui même en 2017, était, de l’aveu de son auteur, « une simple translation du roman ». Quand on lui proposa de réaliser le film, Sylvain Desclous, qui avait manifesté dès sa parution son admiration pour « Le système Victoria », mit comme condition de reprendre complètement le scénario . Non seulement Reinhardt accepta mais il participa, avec le réalisateur et Laurette Polmanss, à l’élaboration du nouveau projet, finalement assez different du texte d’origine : l’adaptation est une véritable réécriture !
Au total il y a d’assez importantes différences entre le livre et le film . La fin n’est pas la même, il y a , c’est Eric Reinhardt qui le dit, « beaucoup moins de sexe, et moins de discours politique, dans le film que dans le livre » et puis la tour en construction, simple décor dans le roman, devient , dixit Desclous, « un des personnage du film » .De fait, l’énorme édifice entre dans l’histoire dès la première séquence, un long plan en mouvement tout à fait impressionnant, et reste sans cesse au coeur du récit, que l’avancée des travaux rythme. Une dernière modification découle du casting : l’excellente idée de choisir Jeanne Balibar pour incarner Victoria alors que Damien Bonnard est David crée une différence d’âge entre les deux héros qui n’existait pas dans le livre ! Est-ce à dire que Reinhardt (avec ses co-scenaristes) a trahi Reinhart, l’écrivain ? Sûrement pas ! Parce qu’il y a, au centre du film ce qui fait l’essentiel du roman : la relation complexe, violente et passionnée, entre Victoria, « étincelante, brillante, mysterieuse » et David, » chef de chantier aux failles très apparentes » ( c’est le réalisateur qui les décrit ainsi ). Les deux acteurs incarnent parfaitement ces personnages si différents, le plébéien fort en gueule , toujours au bord de l’explosion et l’élégante distinguée qui manie si bien l’ironie et l’art de la litote ! Une remarquable performance d’acteurs !
Au total un. film prenant qui devrait convaincre les spectateurs qui n’ont pas lu le roman tout comme il séduira ceux qui ont apprécié l’oeuvre de Reinhardt !
Jean-François Martinon