« OXANA », de Charlène Favier, un hommage fervent à une héroïne mal connue.

Charlène Favier devant l’image d’Oxana, lors de la présentation du film au Comoedia, le 11/04 (photo JFM )

                  Charlène Favier avoue ne pas avoir vraiment prêté attention à l’apparition du mouvement  Femen  en Ukraine  à la fin des année 2000. ni à  son arrivée en France au début des années. 2010. Pas davantage aux controverses que suscite l’action des Femens ni aux divisions que connait par la suite le mouvement en France et à l’International . Ce n’est qu’à la fin de la décennie qu’elle se passionne pour cette histoire et en particulier pour la vie d’Oxana Chatchko, peintre d’icône dès son plus jeune âge et co-fandatrice des Femen en avril 2008, morte à Paris en juillet 2018. Commencent alors deux ans et demi de recherches, à travers la presse, les livres et les films consacrés aux Femens ( en particulier le documentaire « Je suis Femen » d’Alain Margot ) mais surtout en rencontrant les proches d’Oxana, ses  compagnes de lute, ses amis et ses amants mais aussi sa famille , en particulier sa mère et son frère. De cette enquête est sortie une première version du scénario, chronologique et quelque peu hagiographique, tant les témoignages à partir des quels il etait construit étaient emprunts de sympathie émue. Le tournage était prévu en Ukraine où des repérages et un premier casting furent faits. La guerre vient tout boulverser : le tournage aura lieu en Hongrie et le casting final à Paris où les actrices, toutes venues d’Ukraine,  sont sélectionnées. Il est à noter qu’elles sont toutes retournées dans leur pays, pour participer à sa défense contre l’envahisseur russe !

                  La version définitive opte pour une construction éclatée, alternant les différentes épisodes de la vie d’Oxana, artiste précoce formée très tôt à la peinture d’icônes, militante féministe passionnée , co-fondatrice des femens dont elle a inventé le mode singulier de manifestation ( poitrine dénudée, corps peint de slogans et couronne de fleurs dans les cheveux ), manifestante intrépide victime d’une répression implacable, réfugiée politique précaire en France, artiste en passe d’être reconnue au moment même où elle décide de mettre fin à ses jours. Les mille facettes de cette vie passionnée dessinant peu à peu l’image, vivante et contradictoire, de cette héroïne hors du commun qui répétait que  » l’Art c’est la Révolution »!

                     Le rôle d’Oxana est magnifiquement tenu par Albina Korzh qui exprime de façon très convaincante la force mais aussi les fêlures de l’héroïne, au milieu d’une distribution très homogène et investie. On notera aussi un travail sur la Lumière tres interessant : Charlène Favier s’est inspiré des tableaux classiques qu’Oxana aimait tant ( en particulier  » La Liberté guidant le Peuple  » de Delacroix ). Et n’oublions pas la musique de Delphine Malaussena qui intègre dans sa partition tres originale des airs populaire et, je crois, de la musique religieuse, d’Ukraine;

                    En conclusion on peut dire que Charlène Favier a complètement réussi son projet qui était , » parce qu’ Oxana était forte, parce qu’elle était artiste » de faire  » un film pour lui rendre hommage, pour lui rendre justice ! » C’est chose faite, et bien faite !

Jean-François Martinon

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