
Dalya Daoud présente son roman à la B.M. du 1° le 20 mai. A l’arrière plan une illustration réalisée par une lycéenne, Cecile. (Photo JFM )
« Challah la Danse » est un roman très original qui se déroule dans un lotissement qui loge les ouvriers d’une petite usine textile, à la périphérie d’une petite agglomération. Celle-ci, jamais nommée autrement que « Le Village » dans le livre, mais dont de nombreux indices, à commencer par des noms de lieux cocasses et transparents : Saint-Bol, Larbrûle, est facile à situer dans l’ouest lyonnais, entre la capitale des Gaules et Tarare ! En une quarantaine de courts chapitres, échelonnés entre les années 60 et 1998, Dalya Daoud nous fait partager des moments des vies des habitants de cette cité, pour la plupart originaires du Magreb. On pénètre ainsi dans l’intimité de ces familles, très différentes les unes des autres, on sympathise avec des personnages singuliers en particuliers des adolescents. On s’attache plus spécialement à l’un d’entre eux, Bassou, qu’on voit grandir entre sa mère, Lalla, c’est elle qui danse, Smaïl son père, ses trois soeurs et son frère, ses voisins et ses copains. Et puis il ya ceux du Village qui regardent, mi-inquiets mi-amicaux, ce micro-quartier à la fois étrange et familier, en marge de leur quotidien.
Par petites touches, vivants instantanés comme pris sur le vif, Dalya Daoud nous fait partager les joies et les peines, les espoirs et les déceptions qui font la vie des habitants du lotissement, vie qu’elle a, à l’évidence, partagée. Ses descriptions ont la précision d’une enquête sociologique, et font entendre , sans emphase ni acrimonie, la voix de gens encore trop souvent privés de parole. Mais attention : Dalya Daoud , elle l’affirme fortement, n’a pas voulu écrire un manifeste ! « Challa la Danse » est un roman, et son auteur n’a d’autre ambition que de raconter une histoire….. et elle le fait bien ! Son style est vif et imagé, plein d’humour, il fait naitre la surprise, l’amusement ou l’émotion, au fil d’anecdotes en apparence sans liens entre elles mais qui s’ordonnent pour narrer un drame émouvant. Une belle réussite !
Jean-François Martinon
« CHALLAH LA DANSE » au festival « LITTERATURE LIVE »
Dalya Daoud est intervenu à deux reprises dans le festival « Littérature Live » :
— Le 20 mai, à la bibliothèque du 1°, Dalya Daoud a rencontré deux classes des lycées de la Martinière. Les élèves, qui avaient manifestement très bien préparé cette entrevue, ont engagé avec l’autrice un dialogue vivant et passionnant . Répondant à des questions très concrètes Dalya Daoud a révélé que l’écriture du roman lui avait pris 13 mois, » mais à plein temps, sans rien faire d’autre », que pour écrire il fallait, selon elle, « beaucoup lire , mais pas pour imiter » Ainsi a-t-elle lu Colette et Françoise Sagan en écrivant « Challah la danse ». Les élèves ont aussi lu à haute voix quelques passages du livre et les dessins qu’ils avaient réalisés à son propos ont été projetés ( voir photo ci-dessus ). Très touchée par ce travail Dalya Daoud s’est fait remettre les originaux ! Une belle rencontre , un bel exemple d’un travail pédagogique innovant et motivant. Bravo aux élèves de la Martinière et à leurs professeurs, à la Bibliothèque et au Festival.
— Vendredi 23 mai , dans le cadre de ses « Grands Rendez-Vous », « Littérature Live » proposait un dialogue entre Dalya Daoud et Blandine Rinkel, autrice de « La Faille » sur le thème – promeneur -« Ecrire la famille : entre héritages et affranchissement » A vrai dire cette rencontre fut un peu décevante . Malgré la bonne volonté des autrices, il fut bien difficile d’établir des rapports entre leurs livres, aux points de vue par trop différents : « La Faille », très autobiographique, autocentré , parle d’une histoire individuelle tout à l’opposé de « Challah la Danse », ouvrage choral et qui n’aborde pas explicitement le thème des héritages familiaux . Un rendez-vous manqué, en quelques sortes !


Blandine Rinkel, Dalya Daoud et Laure Solé , la modératrice lors du « grand rendez-vous » du 23 mai, aux Subs (photo JFM)