Le nain de Whitechapel , de Cyril Anton

Cyril Anton est né en 1972, à Fontainebleau. Il est diplômé en lettres modernes et en histoire contemporaine. Critique d’art, entre autres pour la revue Europe et les Rencontres de la photographie d’Arles,  Il est aussi parolier de plusieurs chanteurs et groupes.

Cyril Anton a été invité au 38ème Festival du Premier Roman de Chambéry qui s’est déroulé du 21 au 25 mai, pour son livre Le nain de Whitechapel, publié auxEditions du Sonneur.

         Le titre est intrigant. Un nain à Whitechapel ! Ce quartier de Londres est surtout connu pour une série de meurtres attribués à Jack l’éventreur en 1888. L’action du livre se passe d’ailleurs à la fin du XIXè siècle pendant la révolution industrielle qui a bouleversé Londres, l’Angleterre et le Monde  Le nain va s’opposer à un gang meurtrier et violent, sans retenue et sans âme du nom évocateur de « Tabula rasa »  qui veut éliminer toutes  les personnes qui ne sont pas dans la norme.

         Féru de musique et bon pianiste, le nain s’appelle Octave, comme l’intervalle de note. Et, deuxième clin d’œil, se prénomme Dièse comme le demi-ton supérieur, lui le nain. Pour protéger son quartier contre le gang des assassins il le met sous une immense boule à neige. C’est d’un combat homérique contre la terreur exercée à l’encontre des plus faibles par les racistes les mauvais, ceux qui n’aiment pas les gens différents:

En un peu plus d’un mois, les handicapés, les juifs, les Noirs, les pauvres, les indiens, les prostituées, les cul-de-jatte, les débiles, les enfants, les affreux, les déformés, les artistes, les marins perdus, tous ceux auxquels Tabula Rasa promettait une mort cruelle … Tous s’étaient attelés à l’édification de cet abri monumental .. la boule à neige.

C’est un roman historique et surréaliste.  On a parlé d’un univers à la Tim Burton. Rose-Maria, la petite amie de Dièse, une prostituée unijambiste et muette change de prénom avec les saisons : Rose d’été, Rose de printemps etc …

         Un livre à la fois drôle et touchant dans une époque effroyable de danger et de violence qui verra pourtant naître le jazz. Octave Diése, « détective public », nous entraîne dans un monde étrange et réaliste à la fois avec des médecins fous comme William Saint-Gore. Un roman sur les marginaux. Un roman qui vous fait réfléchir sur la capacité de résistance des hommes, mais aussi sur leurs rêves et leur cruauté. Et cela n’est pas sans évoquer notre époque.

         Il faut le lire pour sa drôlerie et sa profondeur.

                                                         Claude Guest

PHOTO : Cyril Anton était l’invité du festival du premier roman à Chambéry. Photo Cl.G

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