
Prïcia Car nous présente « Les Filles Désir » au Comoedia le 12 juin ( photo JFM )
Qui a dit que pendant lété ne sortaient que des films secondaires ? « Les Filles désir » infirment totalement cette croyance arbitraire : il s’agit, à l’évidence d’un film important, novateur et très réussi !
Le titre peut intriguer . Non il ne s’agit pas d’une faute d’orthographe ( de plus ! ) dans mes chroniques : désir est bien écrit ainsi et à nous de choisir si les filles sont désirantes ou/et désirées. Ce titre énigmatique est celui d’une chanson de « Vendredi sur Mer », pseudo poétique de la chanteuse et photographe suisse Charline Mignot, qui accompagne la dernière séquence du film. Dans cette chanson on trouve cette phrase : « Faut pas l’écrire, ça pue l’amour » : si l’on remplace « l’écrire » par « le dire » cela pourrait bien être la devise des personnages du film ! Car « Les Filles désir » parle avant tout d’ histoires d’amours non dites, impossibles à vivre car farouchement informulées !
La genèse du film est assez singulière . Il y a huit ans Prïncia Car, fraichement émoulue d’une école de cinéma belge, revient à Marseille, sa ville natale, et devient animatrice dans un centre culturel des quartiers nord. En charge d’un groupe de jeunes de 14/16 ans elle leur propose de travailler en improvisant sur des situations simples, issues de leur quotidien. À partir des premiers résultats le groupe écrit des scénarios de courts métrages que Prïncia Car tourne . Les membres du groupe, remarquablement fidèles, sont à la fois co-auteurs et acteurs de ces films courts qui sont remarqués : « Barcelona » est programmé au festival de Clermont 2019. Tout naturellement on passe au long métrage, sans changer de méthode et c’est ainsi que naitra « Les Filles Désir »: au scénario, comme aux dialogues et à l’interprétation on retrouve les jeunes, maintenant âgés de 22/24 ans, du groupe initial ! À une exception près : pour tenir le rôle, hyper important, de Carmen, aucune des membres du groupe, majoritairement masculin , n’étant disponible, la réalisatrice dut recourir à un casting et engager Lou Anna Hamon . Mais, après un mois d’impros en commun, elle fut adoptée par la bande …et tient magnifiquement son rôle !
Le film est un vibrant hommage à Marseille « coloré, sympathique mais où la violence est partout » dit P.Car qui ajoute « qu‘elle est fière de sa ville » et qui n’envisage pas de tourner son prochain film ailleurs . « Serez-vous cinéaste de Marseille comme Guédiguian ? » demande-t-on « J’aimerais bien . C’est mon modèle ! »
Jean-François Martinon