« ET LEUR ENFANTS APRES EUX » : les frères Boukcherma adaptent le best seller de Nicolas Mathieu.

Angelina Woreth, et Ludivine Sagnier entre les jumeaux Boukherma à la présentation du film à Lyon ( photo JFM )

             « Et leurs enfants après eux », prix Goncourt 2018, a connu un succès remarquable et a été diffusé à des centaines de milliers d’exemplaires . C’est à la fois un avantage et un inconvénient pour  une adaptation au cinéma. Un avantage parce que de très nombreux spectateurs potentiels savent , à l’énoncerait du titre , de quoi il s’agit : un roman d’apprentissage, le passage à l’âge adulte d’un adolescent d’un milieu modeste qui découvre à travers une histoire d’amour malheureuse les différences de classe dans une ville industrielle sinistrée de l’Est de la France. Mais la célébrité du roman est aussi un handicap parce que les innombrables lecteurs se sont » fait un film » de cette histoire, ont imaginé « dans leur tête » Anthony et ses copains et bien sûr leures copines si importantes.pour eux …

               Pour réussir ce chalenge les frères Boukcherma on pris le parti d’une grande fidélité à l’histoire racontée par Nicolas Mathieu : le film suit pas à pas les péripéties du roman même si l’action est resserrée sur un seul lieu , Heillange la ville imaginaire inventée par Nicolas Mathieu dans laquelle il n’est pas très difficile de voir Hayange ancien fleuron de la sidérurgie lorraine, symbole de la désindustrialisation de la région et qui a à sa tête un maire du R.N . Fidelité aussi aux années 90 , durant les quelles se déroule le roman  et que les réalisateurs , nés à cette période !, ont reconstituées avec méthode et exactitude, aussi bien dans le décor, les accessoires et les costumes que dans l’ambiance musicale du moment : comme dans le roman les chansons  ont une large place, accompagnant fidèlement les personnages;

               Ils ont pu aussi compter sur une distribution  très solide : tout d’abord Paul Kircher incarne avec beaucoup d’aisance le rôle d’Anthony, un adolescent sensible et réservé , un peu velléitaire mais capable de violence quand on le pousse à bout : son interprétation a été couronnée du prix Marcello Mastroianni à la dernière Mostra de Venise . Autour de lui une bande d’ados très convaincants, parmi lesquels on retiendra Angelina Woreth qui joue Stephanie, la jeune fille un peu « bourge » qui fait rêver Anthony. Coté adulte Gilles Lelouche qui, nous dirent les réalisateurs, »était dans le projet dès le départ mais pas forcement dans le rôle du père » donne beaucoup d’épaisseur à un personnage tourmenté et alcoolique, terrifiant et pitoyable . Ludivine Sagner est Helene , la mère du héros . Elle  qui nous a dit être  » une fan absolue de Nicolas Mathieu  » Elle s’est « trouvée en accord avec Paul (Kircher ) dès la première lecture « et avoir beaucoup aimé ce rôle de mère souvent revêche avec son fils pour qui elle a  » un amour infini ».

               On peut donc dire que les frères Boulkcherma , qui font tout ensemble , sans jamais se contredire ( sauf une seule fois qui a terrorisé les acteurs a avoué Ludivine Sagner ! ) ont réussi leur pari . Reste à savoir si tous les lecteurs retrouveront l’émotion qu’ils ont ressentie à la lecture du roman dont le charme tient beaucoup à la qualité de l’écriture à son  » style fluide lumineux et toujours surprenant  » comme l’a dit , avec raison, Antoine de Caunes.

Jean-François Martinon

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