Deux films sympas sur nos écrans le 12 mars : « On Ira » et « Délocalisés »

Helene Vincent et Enya Baroux à la présentation de « On Ira » à Lyon (photo JFM )

              À l’origine de « On Ira », le premier film d’Enya Baroux, la volonté de cette jeune réalisatrice de rendre hommage à sa grand-mère disparue. « Comme c’était une personne extrêmement joyeuse et positive, nous a-t-elle dit, je voulais faire un film gai, tonique ». En même temps la fin de vie de cette aïeul chérie avait été assombrie par la maladie et Enya Baroux voulait prendre position sur le droit de mourrir dans la dignité. D’où cette volonté de faire un film comique sur un sujet grave : le suicide assisté.  « On Ira » relève ce défi, qui tient un peu de l’oxymore !, c’est une comédie dramatique mêlant des épisodes franchement comiques à des moments plus graves.

              Marie, 80 ans veux en finir avec une vie menacée par la maladie. Elle prend rendez-vous avec un organisme assistant au suicide en Suisse. Pour s’y rendre elle se fait accompagner par son fils et sa petite fille mais …elle n’ose pas leur avouer le but de ce voyage…Dès lors les quiproquos s’enchainent d’autant plus qu’elle a enrôlé dans l’affaire un auxiliaire de vie qui, lui, sait à quoi s’en tenir… Au fil de cette histoire improbable on sourit souvent, on rit parfois , même si les effets comiques sont parfois un peu lourds et l’émotion est bien au rendez-vous, notamment lors du dénouement, qui sait éviter la sensiblerie. Ce qui entraine notre adhésion c’est la qualité de l’interprétation : tous les acteurs sont bons mais on retiendra surtout les prestations d’Hélène Vincent, Marie, la grand-mère et de Juliette Gasquet, Anna, sa petite-fille : vivantes, naturelles, spontanées, en parfaite connivence l’une avec l’autre, elles sont formidables ! Le jury du festival de l’Alpe d’Huez ne s’y est d’ailleurs pas trompé qui leur attribué un prix conjoint d’interprétation féminine absolument mérité !

Ali et Redouane Bougheraba, co-realisateurs de « Délocalisés », face au dôme de l’Hôtel Dieu lors de leur présentation du film à Lyon (photo JFM)

              En réalisant « Délocalisés » les frères Bougheraba ont voulu  » faire un vrai film populaire, comme un de Funès » nous ont-ils dit. Et pour cela « utiliser un comique bienveillant, qui ne blesse personne ». Et Ali d’ajouter « Redouane dans ses one man show peut se permettre d’être critique, moqueur, car ses spectacles s’adressent à un public adulte. Pour le film on ne peut pas : on rêve de passer à la TV le dimanche soir ! »

              « Délocalisés » répond parfaitement à ce cahier des charges : s’il traite d’un vrai sujet d’actualité, il le fait sans méchanceté, sans agressivité, sans dénigrer personne et surtout pas l’Inde où la majeur partie du film a été tournée . Au contraire : les frères Bougheraba ne tarissent pas d’éloges sur ce pays qui les a manifestement séduit : « C’est un monde fascinant, dépaysant mais pas du tout hostile », nous ont-t-ils dit en substance. Et d’insister sur le remarquable professionnalisme des équipes techniques qu’ils ont recrutées sur place, dans ce « grand pays de cinéma qui produit chaque année plus de films que les USA ». De fait le film est marqué par ce regard bienveillant que portent ses auteurs sur le sous-continent indien et ses habitants.

              L’histore se deroute sans temps morts, à la suite des péripéties professionnelles du personnage incarné par Redouane. Celui-ci, pratiquement toujours à l’écran, donne au film son rythme bondissant. Il est bien épaulé par le reste de la distribution : Vanessa Guide, son épouse dans le film, lui donne la réplique avec malice et grâce, mais on remarque aussi Josiane Balasko, très en forme en belle mère hostile et toute une série d’acteurs indiens, exotiques à souhait. Les gags, pas toujours très fins, se succèdent à cadence rapide. La dernière séquence, particulièrement réussie, met un point final à un spectacle qui, me semble-t-il, réussi a atteindre son objectif : réaliser un film populaire, s’adressant à un large public !

Jean-François Martinon

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