Une exposition singulière à la galerie Regard Sud : « OMBRE DE LUMIÈRE » de Rafour Essafi.

            Les oeuvres de Rafour Essafi résultent d’un mode de fabrication très particulier : l’artiste achète au marché aux puces des photos anonymes et les utilise comme supports de ses création . Sur le document original il va effectuer des grattages, des coloriages, de crayonnages , des teintures par bains d’encre etc ….jusqu’à les transformer complètement : il peut, par exemple , occulter toute une partie de la photo pour mettre en valeur tel ou tel détail, ou bien, à l’inverse, ajouter un élément ( personnage, nuage ….) dans l’image pour en transformer radicalement la signification. Dans tous les cas c’est la nature même du document qui est métamorphosée : alors que la photo d’amateur visait à capturer la réalité dans une image , l’oeuvre d’Essafi vise à créer quelque chose d’inouï à partir de la réalité de l’image . Loin d’être la représentation d’un sujet, l’image est le sujet de la présentation , elle vaut pour elle même et non comme reflet d’une quelconque réalité.

             Dans l’expo de Regard Sud on peut découvrir des grandes images où , comme dans l’illustration ci-dessus, des éléments , visages ou paysages, surgissent d’un environnement cotonneux, trouble, mis en valeur par une lumière étrange. Ou bien encore des oeuvres plus petites, clichés banals subtilement détournés par l’intrusion d’un brouillard incongru, ou le surlignage d’un élément par une lumière vive au milieu d’une pénombre cotonneuse. Chaque fois on est intrigué, forcé de se pencher sur l’oeuvre qui sollicite notre imaginaire : finalement c’est à nous de donner, ou non , un sens à ce qui nous est montré et il y a fort à parier que ce que nous ressentons est different du ressenti de nos voisins ! En fait Rafour Essafi nous invite à élaborer notre propre vision de ce qu’il nous montre, sans nous en imposer une signification univoque. 

               On remarquera une proximité dans les démarches de Rafour Essafi et celle de Zabou Breitman dans le film « Le Garçon » dont je vous parlait ici même il y a peu : comme lui la réalisatrice développe son projet à partir de photos d’amateurs anonymes achetées dans une brocante, comme lui elle montre que ces clichés dont on ne sait rien offrent un fertile support à l’imaginaire, un matériau propice à la création, le point de départ de belles aventure artistiques.

Regard Sud, 1/3 rue des Pierres Plantées, 69001 lyon / http://www.regardsud.com  

Exposition du mardi au samedi de 14 H à 19 H, jusqu’au 12 juillet 2025

Jeun-François Martinon

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