Benjamin Lavernhe, Frederic Tellier et Laurent Desmard, président de la Fondation Abbé Pierre, que l’équipe a tenu à associer à la tournée de promotion du film. A Lyon le 2 octobre ( photo JFM )
Le biopic est un genre cinématographique à part entière qui vise à résumer en un long métrage la vie d’une personnalité. Cela pose des problèmes techniques spécifiques dont le principal est de rendre compte d’une manière crédible du vieillissement du personnage principal : doit-on confier le rôle à plusieurs acteurs, interprétant le héros à différents moments de sa vie ou bien faire confiance au maquillage pour exprimer du « temps l’irréparable outrage », comme disait le poète . C’est cette deuxième solution qu’a choisi Frederic Tellier pour son film et Benjamin Lavernhe, naturellement fort peu ressemblant au héros qu’il incarne, a du subir force travestissements pour tenir le rôle . Le résultat est parfaitement convaincant et l’on n’ imagine pas une seconde que l’acteur plie parfois les genoux sous sa soutane pour illustrer la silhouette du célèbre abbé, bien plus petit que lui ! De même la reconstitution du décor de la vie quotidienne avant et immédiatement après la deuxième guerre mondiale est réussie et contribue à la crédibilité de l’histoire.
Empathique mais pas hagiographique le film retrace avec précision la vie d’Henri Grouès. On apprend qu’il fut novice dans le couvent des capucins de Crest puis vicaire à Grenoble, soldat dans la 2ème guerre mondiale, résistant, député à la Libération. Ces aspects peu connus de sa biographie, comme sa rencontre dans la Résistance avec Lucie Coutaz, qui sera, sa vie durant, sa fidèle collaboratrice, éclairent son parcours . Viendront ensuite la fondation, relativement discrète, du mouvement Emmaüs en 1949 et surtout le célèbre « appel de l’Abbé Pierre » de 1954 sur Radio Luxembourg, qui le fait accéder à la notoriété . À partir de ce moment et jusqu’à son decès en 2007 sa vie se confond avec celle du mouvement Emmaüs.
Remarquablement interprété, le film mène ce récit avec vigueur, sans temps mort . Benjamin Lavernhe donne beaucoup d’épaisseur au personnage de l’abbé dont il exprime avec force l’inébranlable conviction, mais aussi les incertitudes, les doutes, les moments de découragement. Le reste de la distribution est remarquable, en particulier Emmanuelle Bercot. ( Lucie Coutaz ) et Michel Vuillermoz (Georges un des premiers compagnon d’Emmaüs )
Au total « L’abbé Pierre, une vie de combats » est un film dynamique et réussi qui rend à l’abbé Pierre, longtemps personnalité préférée des français, la place qui lui revient dans l’histoire du XX° siècle.
Jean-Francois Martinon