Vincent Lacoste, Katell Quillévéré et Gilles Taurand à la présentation du film à Lyon (photo JFM )
Pour présenter son film à Lyon Katell Quillévéré était accompagnée non seulement de Vincent Lacoste mais aussi de Gilles Taurand, son co-scenariste. C’est dire l’importance que la réalisatrice attache à la première partie de son travail : l’écriture, en étroite collaboration avec Taurand, d’un scénario original. Le point de départ provient de son histoire familiale : comme dans le film, la grand-mère de Katell Quillévéré a eu un enfant à la suite d’une brève liaison avec un allemand, pendant l’Occupation. . Comme l’héroïne du film elle a été mise au ban de sa famille et a rencontré, trois ans plus tard, un jeune homme d’un milieu favorisé qui l’a épousée et avec lequel elle a eu des enfants, dont le père de la réalisatrice. A partir de cette histoire vraie les scénaristes ont construit une belle fiction, s’étendant sur une vingtaine d’années, en s’appuyant sur un énorme travail de documentation . Pour écrire la jeune réalisatrice et le scénariste chevronné ont utilisé, nous ont-ils dit, la méthode « de la navette », s’envoyant des projets de scènes qui repartaient, corrigés, à l’expéditeur et ceci autant de fois que nécessaire. Cela aboutit à la redaction d’une histoire-fleuve, « au bas mot, trois heures et demies de film », dans laquelle il a fallu trancher pour parvenir à un scénario d’une durée plus habituelle…et plus finançable !
Une des difficultés de l’entreprise tenait à ce que l’histoire s’étendant sur une vingtaine d’années, les personnages devaient vieillir sans se caricaturer. D’où le choix d’acteurs dans « la petite trentaine » ( dixit K.Quillévéré ) pouvant, sans mal, incarner des personnages de la sortie de l’adolescence à l’orée de l’âge mur. Anaîs Demoustier et Vincent Lacoste sont tout à fait émouvants dans leurs rôles d’amoureux porteurs, l’un comme l’autre, d’un lourd secret. La reconstitution de l’évolution du cadre de vie sur vingt ans est convaincante sans que l’image n’ai jamais cet aspect empesé qu’on trouve parfois dans les films « historiques ». La musique, bien choisie, participe à cette authenticité.
Belle histoire romantique, drame sentimental touchant, le film a tout d’un mélo. La réalisatrice et son co-scenariste acceptent, revendiquent même, ce qualificatif, assumé dès l’écriture . Mais « un mélo vivant et moderne » et qui s’écarte résolument des poncifs du genre en matière de réalisation : »un film d’époque un peu Rock’n Roll » dit Katell Quillévéré. Et ça marche ! Jamais pendant la projection, on n’a ce sentiment d’excès de détails significatifs, de tension artificielle, qui nous traverse parfois, quand un film cherche à tous prix à nous tirer des larmes !
Reste la question du titre. Pour moi » le temps d’aimer » faisait penser à une période heureuse et brève : vous savez : » le temps de l’amour, le temps des copains et de l’aventure » que chantait Françoise Hardy…. Et bien ce n’est pas ça du tout ici . Le titre fait allusion , les auteurs du film nous l’ont assuré , au temps, long et souvent difficile, qu’il faut pour construire un amour . La durée donc….et c’est bien ce dont parle ce film qui embrasse vingt années de vie.
Sincère et passionné, bien écrit et bien joué, « Le temps d’aimer »est un film complètement réussi……et Katell Quillévéré une réalisatrice très douée dont on peut dire, sans risque d’erreur, qu’elle joue dans la cour des grands !
Jean-François Martinon