Avec « MAKING OF » Cédric Kahn fait son cinéma !

Cédric Kahn présente son film à Lyon (photo JFM )

    Les films sur le tournage d’un film sont nombreux…. et Cédric Kahn est bien trop cinéphile pour l’ignorer. S’il a néanmoins décider d’ajouter son film à une liste déjà longue ( Du  » Cameraman » de Buster Keaton à « La Nuit Américaine » de Truffaut en passant par « Ça tourne à Manhattan »de Tom DiCillo, film auquel Kahn se réfère explicitement, pour ne citer que quelques titres ) c’est peut-être parce qu’il voulait élargir un peu son point de vue . Célébrer le travail d’équipe nécessaire à la fabrication d’un film, rendre visible le rôle indispensable des techniciens sans qui rien ne serait possible , écrire avec humour les petites histoires des acteurs et les rapports – très passionnés – qu’ils établissent entre eux, s’amuser de la similitude entre ce que vivent les acteurs et le rôle qu’ils tiennent dans le film , Cédric Kahn le fait avec finesse, comme les autres avant lui . Mais, plus que ses devancier sans doute, le réalisateur se souvient que, selon le mot de Malraux,  » par ailleurs le cinéma est une industrie ». Et qui dit industrie dit capital et aussi lutte de classe : « Making Of » n’élude pas ces aspects. 

    Faire un film c’est d’abord trouver un financement. Les producteurs qui apportent l’argent sont souvent  plus sensibles aux perspectives de retour sur investissement qu’aux ambitions artistiques du metteur en scène ! D’autre part l’équipe d’un film est un monde très hiérarchisé avec d’énormes inégalités et des hiérarchies brutales. De cela le film parle franchement sans se départir néanmoins d’une pointe d’humour. On découvre ainsi le rôle très important de la directrice de production ( très bien interprétée par Emmanuelle Bercot ) intermédiaire indispensable entre le réalisateur ( Denis Podalydès excellent comme d’habitude ) et l’équipe. Et on perçoit les trésors d’énergie, de persuasion, de ruse même qu’il faut mettre en oeuvre pour mener à bien un projet sans trop le dénaturer . Bien loin du bel optimisme de Truffaut qui disait, dans « La Nuit Américaine  »  :   » les films avancent comme des trains dans la nuit « …

     Si Cédric Kahn insiste sur les difficultés quotidiennes d’un tournage( et encore il n’évoque pas du harcèlement, moral ou sexuel , dont l’actualité ne cesse de nous parler !) sa vision n’est pas désespérée ! Le film finit par être tourné, le metteur en scène, malgré son épuisement , va sans aucun doute se remettre à l’ouvrage , et, surtout, le petit débutant chargé du making of  ( Stefan Crépon ), qui a enregistré toutes les déconvenues du réalisateur , resort de l’entreprise plus déterminé que jamais à se lancer dans une carrière cinématographique dont il n’ignore pourtant plus les aléas et les difficultés . Comme ses prédécesseur « Making Of » chante la passion de « faire du cinéma », la fierté de participer à la création d’une oeuvre collective unique !

Jean-François Martinon

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